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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 14:25

PicassoQui voit la figure humaine correctement ? Le photographe, le miroir ou le peintre ?

Pablo Picasso

J'ai lu un article il y a quelques années sur le même sujet que le questionnement de Picasso. Je ne sais plus qui en était l'auteur et qui s'était inspiré de l'autre.

Il y avait des représentations figuratives ultra-réalistes, à la manière de ces peintres hyperréalistes qui peignent sans aucune source d'émotion. Ces représentations en cherchant la neutralité, montraient des portraits de manière objective, sur chaque cas.

- une représentation vue par une personne qui aimait le modèle

- une par quelqu'un qui ne l'aimait pas

- une par un autre qui ne le connaissait pas

- une par un gendarme portraitiste spécialiste des portraits robots sur les indications du modèle

- une par un photographe

Il pourrait y en avoir beaucoup d'autres si nous changions pour chaque cas un seul paramètre.

Par exemple dans le 1er cas : la personne qui aimait le modèle ressent une douleur intense, physique ou morale ; cette personne a faim ; elle a des difficultés financières.

Je suis persuadé que les représentations changeraient, car nous sommes sensibles aux attaques extérieures, même mineures qui influencent notre objectivité.

 

Est-ce que le photographe est vraiment objectif en choisissant l'instant du shoot ? Tout dépend de ce qu'il veut donner comme émotion sur la personne qu'il photographie, tout dépend de sa propre émotion au moment du clic, tout dépend s'il "aime" son modèle ou s'il lui est indifférent. Le haïr ! Ce ne serait pas convenable de photographier si on déteste. (Quoique ! Les reporters de guerre n'aiment pas la guerre et pourtant ils la photographient). 

 

Je n'ai pas de connaissance particulière en peinture, mais je pense que le peintre doit agir de même. Il a cependant un avantage supérieur au photographe, c'est qu'il peut mettre plus facilement en exergue les défauts et aussi les qualités de la personne qu'il peint. Il peut évidemment se tromper mais la peinture reflétera cette émotion. Combien de personnages célèbres ont refusé la peinture qu'un artiste faisait d'eux car ils n'étaient pas représentés de manières favorables ou comme ils s'imaginaient être ! Là, la représentation sera différente en fonction du plaisir que veut donner le peintre à son modèle, et différente aussi si cette tâche est une commande ou une création.

 

Dans chacun des deux cas, le résultat dépendra aussi de l'état du modèle au moment où il a été posé. Petit rappel : état = émotion (état d'esprit, intention, humeur , état d'âme, sentiment, disposition).


Et le miroir ! Ha ! le miroir… "Miroir qui est la plus belle ?" Le miroir dénonce une rude vérité : je suis tel que je suis. Encore, tout dépendra du moment où je me vois. La vérité du matin : le plus tard possible ; celle du soir : oui, mais alors il ne faut pas que je sois trop épuisé ; celle d'après la douche, ou celle d'avant la rencontre, ou celle d'après l'amour, ou celles là toutes ensemble alors que je suis riche et puissant ou pauvre et malade…

 

Magritte a dit un jour quelque part : le photographe et le miroir ne font que refléter.

 

Ben … il se trompait.

Un reflet n'est que l'âme de l'émotion, donc pas d'objectivité, que ce soit pour le miroir ou pour le photographe

Je ne suis pas Magritte, mais je suis aussi capable de dire des inepties.

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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 23:45

roche1Denis Roche (écrivain, poète et photographe français né en 1937) a écrit, un jour, quelque part quelque chose qui ressemble à ça : "Pourquoi répétons-nous sans cesse l'acte photographique comme l'acte d'amour ? Car nous espérons toujours que la prochaine fois sera meilleure."

Comme l'acte d'amour, l'image finale n'est jamais comme nous l'espérions. Nous échafaudons pour l'un et pour l'autre des dizaines de plans, nous espérons obtenir des dizaines de frémissements et lorsque nous nous (re)posons et regardons objectivement (mon œil…) ce que nous venons d'obtenir, le résultat est quelquefois en deçà de ce que nous rêvions, de ce que nous avions prévu. Nous n'avons rien fait de ce que nous avions imaginé, et nous sommes frustrés, alors nous sommes prêts à recommencer en nous disant : "La prochaine fois je ferais ce que j'ai prévu".

Mais la prochaine fois, d'autres éléments viennent s'ajouter aux précédents, et il y en a trop, et nous ne pouvons choisir, et le résultat est le même : frustration. Alors nous nous disons : "La prochaine fois j'irais à l'essentiel. Je ne me laisserais pas avoir avec ce qui n'a rien à faire dans l'acte".

Mais le lieu et l'espace temps changent. L'expérience aussi et nous nous disons : "Maintenant je sais. Il faut faire cela. Et cela. Et aussi ce que j'ai appris la dernière fois". Mais l'instant n'est plus le même. Nous ne pouvons reproduire exactement ce que nous pensions avoir raté la dernière fois, alors nous improvisons une nouvelle fois. Alors le résultat, même excellent, ne flatte pas notre ego. Alors une nouvelle fois nous sommes inassouvis. Alors une nouvelle fois nous nous dirons : "La prochaine fois…."

Et heureusement que nous sommes inapaisés. Cela nous permet de bouger, de vivre, d'agir jusqu'à notre extinction. Car si nous arrêtons de penser, si nous ne voulons ou pouvons plus reproduire ces actes, si nous sommes entièrement et sereinement satisfaits, alors nous pouvons arrêter d'agir, de bouger, de penser.

 

denis_roche_1.jpgNous ne pouvons plus rien faire une fois l'acte d'amour fini sinon d'attendre une prochaine fois. La photographie nous permet, entre les deux actes, de combler ces privations en examinant ce que nous venons de réaliser, en prévoyant des expositions. Mais là encore le doute s'installe et nous pouvons nous permettre de calmer notre insatisfaction en produisant diverses images sur le même thème, en composant des diptyques, des triptyques, et autres séquences, car notre incompétence à choisir la bonne image, nous pousse à laisser ce choix au spectateur.

Le peintre ne peut pas se tromper. Il met du temps à choisir son image, il peut la rectifier au cours de son élaboration et nous la présente finie. Le spectateur regarde, écoute avec son âme, essaie de ressentir l'émoi du peintre.

Le photographe saisit l'instant, et comme cet instant est encore éphémère, il est encore plus insatisfait. Alors il shoote à tout va, et les prises de vue sont comme les gouttes d'eau de pluie : plus il y en a, plus on est mouillé..  Alors le photographe se prend pour un peintre, il s'installe devant son chevalet, s'équipe de sa souris et avec des pinceaux virtuels essaie de refaire l'image qu'il avait prévue.

Insatisfaits encore et encore, nous bougeons pour ne pas mourir.

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 23:59

Dans le dernier article (Citation), j'essayais de commenter ceci : "Photographier, c'est mettre dans la même ligne de mire la tête, l'œil et le cœur." d'Henri Cartier-Bresson, et je promettais de parler de Roland Barthes (celui qui se plaisait à raconter l'histoire de cet infirme se plongeant dans l’eau de Lourdes pour que sa situation s’améliore et qui en ressortait avec une chaise roulante toute neuve).

 

Hé ! Bien, voilà : roland_barthes.jpg"Ce que la photographie reproduit à l'infini n'a lieu qu'une fois." c'est de Roland Barthes, oui. Dans "La Chambre claire".

Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha !  Ce qu'il était drôle ce Roland. Mettre un titre pareil sur un livre qui parle de la photographie… Même s'il était aussi un étudiant de la vie des signes au sein de la vie sociale, il aurait pu faire un effort en direction de la masse populaire.

 

Mais je m'écarte. Je disais… Ha ! Oui "Ce que la photographie etc. etc…"

Hé ! Bien : heureusement…

Heureusement !..

Heureusement quoi ? Que la photographie puisse reproduire à l'infini ou que l'événement n'ait lieu qu'une fois ?

 

Est-ce que la photographie a été inventée pour pouvoir reproduire l'évènementiel ou est-ce que l'acte est éphémère car l'homme a les moyens de le reproduire ?

Bien avant de pouvoir écrire avec la lumière, bien avant de savoir écrire, l'homme reproduisait l'événement avec ses doigts trempés dans du charbon. Donc de pouvoir reproduire ce qui n'arrive qu'une fois ne date pas d'hier.

Cette faculté, que l'homme possède depuis que l'acte unique existe, est née en même temps que l'acte.

En même temps se développait cet outil fantastique qu'est l'œil (voir l'article "Pensées matutinales") capable de se souvenir de l'instant passé et capable de le transmettre telle une photocopieuse fantastique.

L'homme n'a pas eu besoin d'attendre la camera obscura chère à Léonard et un moyen de conserver cette image renversée pour reproduire ce qui n'existe qu'une fois.

 

Vivement l'ère de l'organisme cybernétique (cycborg) qu'il ne faut pas confondre avec un androïde qui n'est qu'un robot conçu par l'homme.

 

Mais là, j'entre dans un autre domaine…

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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 15:01

henri-cartier-bresson04.jpgPhotographier, c'est mettre dans la même ligne de mire la tête, l'œil et le cœur. Henri Cartier-Bresson

 

C'est tellement vrai… Mais…

Il y a quelque chose qui ne me plaît pas dans la rhétorique de cette citation. (je vois d'ici le sourire de certains)

 

Ligne de mire… cela fait… comment dire… très… militaire, non ? Ou chasseur. Voilà, c'est ça, chasseur. Mais ne dit-on pas chasseur d'images ? Oui, je sais, il y a quelques années, nous disions : "J'ai tiré quelques portraits", ou "Oh ! là, là… Ce que j'ai mitraillé moi !"

Mitrailler !.. Dans une journée cela représentait tout au plus une pellicule. Ou deux, trois quelques fois, quatre exceptionnellement. Cela faisait au maximum 150 photos desquelles nous tirions 15 photos potables dont  4 bonnes à exposer.

Maintenant nous disons : "J'en ai shooté 300 dans l'aprème". On se démilitarise pour mieux se "foot-ballariser" (Merci noémie pour ce néologisme), se populariser. Ça fait certainement plus sportif. Plus sensible, plus  attentionné à l'espèce animale puisqu'on ne la "tire" plus, mais qu'on la shoote... Allez hop ! Dans ta niche, sinon tu reçois un shoot.

Comme on ne recharge plus, on en fait beaucoup plus. Mais nous avons le même résultat. Nous ne sélectionnons que quelques photographies qui valent le coup. Nous avons tout simplement augmenté la taille de notre poubelle. Non, je dirais même, que nous avons acheté une poubelle. Car, avec l'argentique, nous ne jetions rien. On ne sait jamais.

 

Il est certain que notre cher Riton, quand il a éructé cette citation, qui à l'époque n'en était pas une, soit dit en passant, était à des lieux de penser qu'un jour un presque vieux révolutionnaire polémiste n'allait pas goûter complètement sa citation.

D'ailleurs est-ce que je la rejette vraiment ? Non, bien sûr que non, je suis d'accord avec elle, même si je remplace ligne de mire par doux mélange, tête par réflexion, œil par image et cœur par émotion.

Mais là, ce n'est plus du Cartier-Bresson, c'est une boisson à l'eau de rose.

 

La prochaine fois nous parlerons de Roland Barthes… vous savez, celui qui a écrit La Chambre claire en 1980.

Il faut devenir un peu sérieux et se cultiver. (Mon œil)

Non ! ça ne vous dit rien ? Bon... et si je vous dis que Roland Barthes est celui qui se plaisait à raconter l'histoire de cet infirme se plongeant dans l’eau de Lourdes pour que sa situation s’améliore et qui en ressortait avec une chaise roulante toute neuve.

ça vous donne plus envie d'en parler ?

Alors à vos souris…

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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 23:21

Je n'ai pas l'habitude des devinettes mais je lance ce quiz, qui m'aidera à imaginer mes prochains thèmes.

C'est un concept, ne cherchez pas trop.

Alors ...

Premièrement il faut trouver l'auteur des paroles ci-dessous...
Deuxièmement en faire un commentaire... plus il y aura de l'humour, plus il en sera apprécié.
Troisièmement et c'est là que vous intervenez, me proposer d'autres : "A quoi ça sert..." et leur réponse pourquoi pas.

Vous serez les premiers sur qui je testerai mes nouveaux thèmes qui deviendront des photographies qui deviendront de nouvelles galeries qui...

C'est un concept, ne cherchez pas.

Questions :

- A quoi cela sert-il d'avoir des souvenirs si on n'a personne à qui les raconter ?

- A quoi ça sert de prendre des photos si on n'a personne à qui les montrer ?

- A quoi sert l'artiste sinon à procurer du plaisir ?

- A quoi sert le lynx ? A rien comme Mozart.

- A quoi sert la pudeur ? Elle sert à paraître plus belle quand on est belle et à paraître moins laide quand on l'est.

Voilà.

C'est un concept…

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 06:47

Graphique-1.jpgStephen Shore, paysagiste de l’Amérique des années 70, célèbre pour avoir participé à la reconnaissance de la photographie couleur comme art à part entière, à une époque où le noir et blanc était prédominant, a écrit :

La photographie est, par nature, une discipline analytique. Si le peintre part de la toile blanche et construit une image, le photographe part du désordre du monde et sélectionne une image.

Comme l'organisation du monde est une exception, nous avons un choix immense quant à la découverte des images.


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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 12:14

Il y a des moments où j'aimerais que mon œil soit (un) objectif. Il pourrait ainsi figer, d'un simple clignement de paupière, ce qu'il vient de voir.

L'œil... Formidable instrument qui règle automatiquement la balance des blancs, l'ouverture, la vitesse et la sensibilité (dont la plage est très supérieure à n'importe quel capteur ou pellicule).

L'œil arrive aussi à discerner les contrastes importants avec une différence dans les hautes et basses lumières d'une valeur de 10, alors que n'importe quel objectif n'arrivera qu'à 3.

Enfin… quand je dis l'œil… l'œil et toute la machine qui va avec.

Et la capacité de la carte mémoire ? Hein ! La capacité…

IN FI NIE

Il faut ensuite le rêve pour apporter aux images tous les effets fous auxquels on n'a jamais pensé, auxquels on ne pense pas, auxquels on ne pensera jamais.

Et tout ça ferait une photographie unique qu'aucune numérotation et aucune signature ne pourraient en donner la valeur.

Dimanche 17 janvier 2010.

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